Stop ! Ça suffit ! Arrêtez de vilipender sans cesse Pierre Gattaz.
D’abord, pourquoi autant de haine ? Ce gars-là ne fait que son travail. Et vous me connaissez, je respecte le travail d’autrui, je sais trop combien il est difficile de se lever le matin pour aller gagner durement sa pitance. Après tout, ce gars-là n’est qu’un travailleur, comme vous et moi.
Et puis, vous croyez que ça l’amuse d’expliquer aux Français qu’ils doivent se serrer la ceinture, travailler plus et plus durement, pour gagner toujours moins, qu’ils doivent turbiner jusqu’à leurs vieux jours pour que l’entreprise puisse survivre, croître et finalement les faire vivre en retour ?
Oui ! Parce que chacun le sait, c’est grâce aux entreprises, enfin, aux chefs d’entreprise que les salariés peuvent vivre, gagner un revenu suffisant, nourrir leurs enfants… Le chef d’entreprise offre un emploi à son employé, lequel doit lui en être reconnaissant. Sans l’entrepreneur, c’est la misère assurée pour chacun… Bref !
Ça suffit ! Ne dites plus de mal de Pierrot.
Ce n’est pas facile tous les matins devant le miroir, pour Pierre Gattaz. Le regard encore mouillé d’une nuit trop courte, la mousse à raser qui tremble sur son visage et le rasoir jetable qui s’approche de sa peau… qui glisse insensiblement vers le cou… Vous ne croyez pas que quelquefois, il aimerait que la lame se brise sur la carotide, laissant jaillir une gerbe de sang chaud ? Là, seul, dans sa salle de bain, l’œil encore vitreux, il attendrait que ça se vide, doucement, calmement. Une flaque de sang épais s’étalerait sur le carrelage froid, rose saumon, que sa femme avait trouvé si charmant… Enfin le silence.
Stop ! Ça suffit !
Même patron des patrons, même chef de file du Medef, « Premier réseau d’entreprises de France avec 750 000 adhérents dont plus de 90% sont des PME de moins de 50 salariés », comme indiqué sur le site dudit syndicat patronal, Pierre Gattaz n’en demeure pas moins homme.
Je vous avoue toutefois que j’ignorais que le Medef était le syndicat des petits patrons, des patrons prolos, en quelque sorte, de ceux qui payent trop de charges. « Charges ! Charges ! » peut-on entendre à chaque coin de rue. Les charges sont un peu le grand Satan des entreprises, le Fillon de Sarko, le Taubira de Valls… Une sorte d’épouvantail qui reste insondable pour la plupart. Et les cotisations, dans tout ça ? Passons.
Donc, le Medef, c’est un peu le foyer doux où chacun aime à se retrouver le soir au coin du feu… « Home sweet home ». Et Gattaz, c’est un peu le père, celui qui console de tous les maux infligés par un gouvernement encore trop social à son goût, celui qui s’offusque, mais pas trop fort, que Badinter dans son rapport sur la réforme du code du travail n’aille pas assez loin…
Stop ! Je le sens que vous allez encore critiquer, ruer dans les brancards, nous expliquer que Pierre Gattaz en veut toujours plus. Déjà, il a réussi à infiltrer la pseudo gauche socialiste en y glissant des fils illégitimes, des Macron, Valls, Rebsamen… Et maintenant, il fait appel à un symbole, une égérie de l’anti-rasoir à deux lames, l’icône de l’abolition de la peine de mort. Ben, oui, qui a soufflé à Hollande le nom de Badinter, à votre avis ?
Quel coup ! Magistral ! Ce gars-là est bien plus fort que tous ses prédécesseurs. Aux oubliettes, le baron Sellières et sa cravate qui lui donnait cet air pincé de noble décadent ! Là, c’est un coup de maître. Que voulez-vous que les gauchistes disent ? Badinter est intouchable. Même Jésus se prosternerait devant cette figure historique. Et maintenant, qui va oser critiquer les 61 principes du vieux sage ? Qui va interroger les oublis et l’esprit même de cette réforme folle ? Qui va regarder l’histoire des conquêtes sociales, le temps de cette longue guerre sociale visant à protéger la majorité, le grand nombre des Français contre une poignée de possédants ? Qui va entrer dans le détail de chaque loi, chaque article pour en analyser la substantifique moelle ? Qui va oser fouiller dans la complexité ? Parce que le monde du travail est complexe et que chaque article qu’on élimine par désir de simplification, est une histoire des travailleurs qu’on efface. Effacez la mémoire, et vous pourrez gouverner sans opposition. La droite libérale en rêvait, la gauche sociale-démocrate l’a fait !
Et puis, pourquoi est-il si urgent de réformer le code du travail ? Qu’est-ce que tu dis, Pierre ? Ah ! Parce qu’il faut bien payer les actionnaires et libérer les entraves à la libre entreprise… et à la libre prise d’intérêts. Évidemment…