Dans cet article de l’Express, pour la première fois, les preuves de l’entreprise industrielle d’élimination des juifs sont explicites. La thèse de la banalité du mal de la philosophe Hannah Arendt dans Eichmann à Jérusalem s’avère tristement confirmée. Et cette banalité du mal s’exprime dans un contexte de travail, elle se met en place avec des fonctionnaires zélés, des ingénieurs qualifiés, des chercheurs, des techniciens, des chefs d’entreprise qui répondent à des appels d’offre. Dans les documents du KGB analysés par le scientifique Jean-Claude Pressac, la preuve est faite que personne ne pouvait ignorer ce qui se mettait en place.
C’est aussi pour cette raison que je fais mienne la thèse de Christophe Dejours qui s’appuie sur l’analyse d’Hannah Arendt, dans Souffrance en France, lorsqu’il affirme que l’entreprise (publique ou privée) se trouve dans un processus de banalisation du mal, amenant les salariés à adopter des conduites injustes, voire malveillantes, vis-à-vis de leurs collègues et subalternes. Tout cela par crainte de perdre son boulot, d’être précarisé, rétrogradé…
Jean-Claude Pressac montre que les travailleurs qui sont intervenus dans les camps de la mort ne pouvaient ignorer l’extermination à laquelle ils participaient, même indirectement. Cela nous oblige à rester en veille constante sur ce qui se joue dans notre quotidien, notamment dans le travail.
Article de l’Express : Auschwitz : la vérité
Depuis près de cinquante ans, on attendait l’ouverture des archives nazies conservées à Moscou par le KGB. Jean-Claude Pressac les a consultées. Résultat: un document terrifiant sur la construction et le fonctionnement du camp. Et des révélations sur le nombre des victimes comme sur la date de mise en application de la solution finale. Un ouvrage qui servira de référence aux historiens du monde entier.
la suite de l’article de Eric Conan et Denis Peschanski http://www.lexpress.fr/informations/auschwitz-la-verite_595879.html