Déjà, en 2006, la sociologue Danièle Linhart nous mettait en garde contre l’individualisation du travail. Aujourd’hui, avec la loi Travail, dit loi El Khomri, l’individualisation est partout, à commencer par le cheval de Troie du compte personnel d’activité, qui revient au livret ouvrier du XIXème siècle, permettant d’effectuer un véritable contrôle à l’embauche. Le droit collectif est alors abolit pour laisser place à de multiples droits individuels que chacun devra négocier avec son employeur.
« L’individualisation du travail n’est pas apparue seulement en raison de la récente modernisation, liée à la crise ouverte par les nouvelles formes de la concurrence et l’évolution du marché. Elle s’est amorcée dans les années 1970, en réaction aux événements de 1968, très déstabilisateurs pour le patronat français de l’époque : la violence de la remise en cause du travail taylorisé et de l’autoritarisme, l’explicitation d’un refus de l’exploitation et des inégalités, au nom d’un droit à l’épanouissement personnel (1), tout cela a convaincu le patronat de la nécessité de procéder à des réformes d’ampleur pour contrecarrer cette lame de fond. Son projet est alors simple : mettre en œuvre tous les moyens susceptibles de minimiser les sources du mécontentement et surtout son expression. » (lire la suite)